Un grand non au Oui pub !
L’autocollant Stop pub pourrait être remplacé par son inverse le Oui pub. Pour Culture Papier et plusieurs autres associations professionnelles de l’impression ce dispositif portera un coup fatal à toute la filière.
Faustine LoisonPublié le 17-03-2021
Alors la distribution de prospectus dans les boites aux lettres portant une mention de type Stop pub est puni d’une amende depuis le 1er janvier 2021, le projet de loi relatif à la lutte contre le dérèglement climatique introduit un autre dispositif qui pourrait mettre en péril toute la filière impression.
Présenté au Conseil des ministres du 10 février 2021, l’article 9 propose qu’à titre expérimental pour une durée de trois ans, la distribution à domicile d’imprimés publicitaires non adressés soit interdite dans les boites aux lettres ne portant pas une autorisation bien visible.
Une menace pour toute la chaîne de l’impression en France
Cette mention au « oui pub » est une aberration pour Culture Papier. Soutenue par le Syndicat de la distribution directe (SDD), la Confédération française de l’industrie des papiers, cartons et celluloses Copacel, le Groupement des importateurs de papiers et cartons, l’Union nationale des industries de l’impression et de la communication (Uniic), l’organisation patronale de la communication et de l’impression GMI et la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec), l’organisation alerte : « Le Oui pub introduit dans le projet de loi portant sur la lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets est une menace létale pour la santé de chaque chaînon de l’écosystème de l’imprimé en France et notamment pour la presse imprimée. »
Dans un appel adressée aux éditeurs, Guillaume Le Jeune, président de Culture papier, et Olivier Le Guay, délégué général, mettent en garde : « Ne croyez pas que l’affaiblissement de l’imprimé publicitaire pourra être bénéfique pour la presse. Bien au contraire (…) »
« Décrédibiliser l’imprimé publicitaire qui pèse près de 33 % du chiffre d’affaires de l’imprimerie de labeur affaiblira – voire étouffera – un écosystème qui pèse 60 000 emplois soutenus en France. L’imprimé publicitaire ne peut pas être considéré indépendamment de la filière industrielle qui les produit. Il représente 40 à 50 % de l’activité des producteurs/recycleurs de papier et des imprimeurs, maillons essentiels d’une économie circulaire compétitive. »
Pas de bénéfices pour l’environnement
De plus, restreindre la publicité papier n’aura pas d’impact favorable sur le climat. Au contraire, cela entrainerait un report de la publicité vers des médias plus polluant, souligne Culture Papier. L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) estime d’ailleurs que « le secteur digital pèse déjà 4% des émissions de gaz à effet de serre et doublera d’ici 2025 ».
Et « la distribution de publicité papier en boîte aux lettres est réalisée de manière neutre, sur un périmètre géographique ciblé par l’annonceur. A l’inverse, la publicité digitale repose sur une capture de données personnelles pour cibler la diffusion des publicités sur les sites internet et les réseaux sociaux, avec une intrusion dans la vie privée bien plus forte. »
Pas de soutien des citoyens
En outre, le Oui pub n’a pas les faveurs des citoyens pour choisir leur expositionà la publicité. En effet, selon une étude de l’Ademe, 73 % de la population s’exprime en faveur du stop pub, contre seulement 27 % pour le Oui pub.
« Il sera ainsi plus efficace de permettre à la minorité de la population qui le souhaite et qui n’en disposerait pas d’apposer le Stop pub que d’imaginer un nouveau dispositif qui obligerait la majorité de la population à adopter un nouveau geste dont elle ne veut pas, et dont l’expérimentation serait en pratique compliqué à mettre en œuvre et à évaluer de manière fiable » estime Culture Papier.
https://www.graphiline.com/article/36399/imprimes-non-adresses-non-au-oui-pub