Avec des hausses de prix de près de 50 % en seulement six mois et une baisse des capacités d’un quart en cinq ans, la crise du papier est « sans précédent » selon Intergraf, qui propose trois actions concrètes de la part des acteurs économiques et des autorités concernées.

Faustine LoisonPublié le 11-03-2022 

Une nouvelle fois, les acteurs de l’industrie de l’impression tirent la sonnette d’alarme. Intergraf, l’association européenne de l’industrie de l’impression basée à Bruxelles qui compte 20 groupements nationaux professionnels de 19 pays, estime que « la pénurie de papier provoque le chaos chez les imprimeurs et leurs clients les prix du papier ». Et elle prévient : cette « crise sans précédent » va s’aggraver et de « graves répercussions » sur l’approvisionnement en produits imprimés de tous les marchés économiques sont à prévoir.

« Cette situation constitue une menace non seulement pour l’industrie graphique, mais aussi pour sa fonction de soutien à tous les secteurs et pour le rebondissement tant attendu de l’économie européenne. »

+ 45 % voire 80 % du prix du papier en six mois

En six mois, les prix du papier ont augmenté de 45 % en moyenne et jusqu’à 80 % pour le papier journal.

« Cette flambée des prix, principalement due à l’augmentation des coûts énergétiques, s’accompagne désormais d’une pénurie majeure de papier et de carton dans toute l’Europe. » (Nombre d’imprimeurs nous ont fait part de quotas de livraison mis en place par les fournisseurs de papier.)

La grève dans les papeteries finlandaises du groupe UPM, dont la poursuite a été annoncée jusqu’au 2 avril « aggrave la situation » à très court terme, selon Intergraf et la guerre actuelle en Ukraine aura des répercussions sur les prix de l’énergie et sur l’approvisionnement en bois et en pâte à papier des papetiers européens. 
« Cela entraînera un resserrement supplémentaire des approvisionnements à moyen et long terme, ce qui constitue une préoccupation majeure pour l’avenir de notre industrie. »

– 25 % des capacités de production de papier graphique en Europe en cinq ans

Intergraf souligne également qu’au cours de ces cinq dernières années (de 2016 à 2021) les capacités de production de papier graphique en Europe ont baissé de 25,8 %. 
S’ajoutent à cela la hausse de la demande de papiers recyclés sans augmentation équivalente de la production et la concurrence accrue pour les fibres de bois de plusieurs autres secteurs comme la construction, le textile ou l’énergie.

Tous ces paramètres créent « une incertitude pour l’approvisionnement continu en fibres de bois pour les secteurs européens ». Et cela aura bientôt des « répercussions majeures » sur l’économie européenne, car des produits vitaux tels que les aliments, les médicaments, mais aussi les journaux et les manuels scolaires seront confrontés à des perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

Trois actions concrètes à mettre en place

L’association professionnelle propose trois « actions concrètes » de la part des acteurs économiques et des autorités concernées.

Intergraf demande un arrêt immédiat ou une réduction significative des exportations de pâte à papier et de papier vers les pays tiers afin de préserver l’autonomie des industries européennes de l’impression et de l’édition.

Elle exhorte également les deux parties impliquées dans la grève UPM à trouver à court terme une voie commune vers une solution afin de garantir la disponibilité du papier et du carton nécessaires sur le marché européen.

Enfin, à plus long terme, la fédération réclame la garantie d’une autonomie européenne en matière d’approvisionnement en bois, pâte à papier et papier pour tous les secteurs économiques, en assurant un approvisionnement suffisant en matières premières et en capacités de production en Europe.

https://www.graphiline.com/article/39669/intergraf-penurie-papier-et-prix-trois-actions-a-mettre-en-place-pour-sauver-les-imprimeurs-du-chaos